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de vue de la culture, l’emporte moralement sur la bourgeoisie. C’est celle-ci qui, traduisant tout en valeur vénale, a fait de l’union de deux êtres une affaire et glorifié le mariage d’argent, forme légale mais la plus repoussante de la prostitution. C’est elle qui a créé le mot affreux « espérances » pour signifier la bonne fortune qu’une jeune fille aura de perdre ses parents et d’hériter d’eux.

« Le temps est de l’argent », « les affaires sont les affaires », « enrichissez-vous ! » Ces aphorismes témoignant de la plus parfaite sécheresse de cœur ont été émis non par cette plèbe que le parvenu Thiers flétrissait de l’épithète « vile multitude », mais par d’authentiques bourgeois.

Chez les miséreux, du moins l’union, non entourée d’hypocrisie, peut, au début et ne fût-ce qu’un moment, être déterminée par une réelle attraction du cœur ou des sens. Plus tard, le milieu et les conditions économiques feront souvent dégénérer cet accouplement en un enfer, tandis que les époux bourgeois, non exaspérés par les privations et la lutte pour le pain quotidien, pourront arriver, bien que ne s’aimant pas, à se supporter.

Le bourgeois veut sauvegarder sa « respectabilité », nécessaire pour tenir son rang et pour cela il s’efforce d’étouffer en lui comme chez les siens tout sentiment non autorisé par la société, la loi et les préjugés. Il ne croit pas à la religion, mais il se marie à l’église et fait communier ses enfants afin de donner le bon exemple aux gens du peuple pour lesquels il estime une croyance