Page:Malato - Les classes sociales au point de vue de l’évolution zoologique.djvu/130

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bien étroite, bien arriérée : il respecte la propriété de ses exploiteurs et se croirait coupable d’y attenter ; il s’imagine, en même temps, devenant propriétaire à son tour, que ses enfants sont à lui, sa chose et maintes fois c’est par des coups qu’il leur inculque ses pauvres idées. Mais dans son erreur il agit avec bonne foi : on n’en saurait dire autant des bourgeois, plus conscients et conséquemment plus hypocrites.

Que de fois n’a-t-on point parlé de la brutalité de l’homme du peuple ! Il est de fait que les conditions dans lesquelles il vit l’obligeant de faire appel à son activité musculaire bien plus qu’à son activité cérébrale, l’amènent à jouer facilement du poing. Charretiers et cochers de fiacre, par exemple, sont portés à traiter leurs chevaux avec une brutalité qu’on ne rencontre pas chez les bourgeois pour l’excellente raison qu’on ne trouve pas de bourgeois charretiers et cochers de fiacre. De même les juges ne martyrisent pas, sauf moralement, et n’exécutent point eux-mêmes les malheureux qu’ils livrent aux gardes-chiourme ou au bourreau ; mais la cruauté intellectuelle qui commande est-elle moindre que la cruauté physique qui obéit ?

C’est en Espagne un public populaire autant qu’un public bourgeois qui fréquente les courses de taureau et exulte de voir couler le sang. Mais ce sont des législateurs bourgeois qui autorisent cette barbarie. De même dans les guerres ce sont surtout des prolétaires revêtus de l’uniforme qui perpètrent des massacres sans savoir pourquoi, sans se le demander, abrutis qu’ils sont par une éducation patriotique. Mais ceux qui leur