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Page:Malato - Les classes sociales au point de vue de l’évolution zoologique.djvu/149

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de l’hypothèse formulée par des anarchistes individualistes d’après laquelle l’universalisation du bien-être et de la liberté aurait pour résultat non d’unifier l’humanité mais, au contraire, d’accentuer les différences entre individus, les uns capables de bénéficier des moyens de développement mis à leur portée, les autres foncièrement inaptes à s’assimiler les connaissances et à s’élever. Le résultat en serait, après une assez courte période de nivellement, une différenciation intellectuelle plus rigoureuse peut-être que les différenciations économiques d’aujourd’hui, car, malgré tout, un hasard peut, une fois sur dix mille, faire du plus déshérité un homme riche, tandis que nul hasard ne peut faire d’un abruti un être intelligent et affiné.

La différenciation des êtres, partant d’un petit nombre de formes primordiales et rayonnant inégalement en tous sens, bifurquant, créant incessamment des espèces et des variétés nouvelles, est, ou du moins a été jusqu’ici une loi naturelle. Mais une loi peut en contrebalancer ou en annuler une autre : il est certain que de par la science et le prodigieux développement des communications, le globe tend de plus en plus à s’uniformiser, les grandes différences climatériques à s’atténuer en attendant que l’homme soit à même de créer entièrement le climat ; d’autre part, la puissance de la sélection artificielle pour créer telle ou telle espèce animale a été puissamment mise en lumière par les éleveurs. On peut donc présumer que, sous l’influence combinée de ces deux facteurs : uniformisation relative du milieu et sélection artificielle appliquée à notre