mentation du salaire, sans se douter que, par un effet de bascule, le prix des objets de consommations augmentera dans des conditions à peu près identiques. C’est la loi des salaires, appelée loi d’airain par Lassalle et formulée peut-être avec un dogmatisme trop absolu, mais qui n’en est pas moins vraie d’une façon générale.
Le prolétaire isolé serait bien impuissant à venir à bout de cette société qui l’écrase et le condamne sa vie durant au rôle de machine à produire. Par son association avec ses compagnons de classe, il est certainement en meilleure situation pour lutter contre la domination capitaliste protégée par l’État, gardien de l’ « ordre social » ; mais cette association d’hommes qui n’ont à mettre en commun que leurs misères, tout en constituant un progrès, n’est cependant pas suffisante pour vaincre la force de l’or et la force des baïonnettes. Le syndicat ouvrier n’est pas un talisman capable de transformer instantanément le monde. Il est cependant l’instrument par lequel s’opèrent en sous-œuvre l’organisation de la société future et la désorganisation de la société capitaliste, selon ce processus naturel qui, avant la mort des vieux organismes, élabore les nouveaux organismes destinés à les remplacer. Par le progrès des idées révolutionnaires au sein de ces groupements économiques, créés jadis pour la simple défense des salaires, et par la centralisation des capitaux entre les mains d’une oligarchie possédante, le moment s’approche qui mettra face à face le prolétariat et cette oligarchie.