Page:Malato - Les classes sociales au point de vue de l’évolution zoologique.djvu/59

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

et dont découlent l’alcoolisme, la syphilis et la tuberculose.

On doit la vérité à tous, aux déshérités comme aux autres, on pourrait dire plus qu’aux autres, car c’est en leur montrant, sans fard, sans ménagements, la situation matérielle et morale dans laquelle ils croupissent qu’on peut éveiller en eux l’esprit de révolte contre leur milieu et l’effort indispensable pour briser ce milieu. Depuis son avènement sous le Directoire, la classe régnante a laissé la plèbe dans un insondable abîme de misère et d’ignorance. « Il faut une religion pour le peuple », disaient avec un cynisme impudent les bourgeois voltairiens qui raillaient entre eux les bourdes de la mythologie chrétienne tout en se mariant à l’église afin de « donner l’exemple » à la vile multitude. En maintenant cette multitude dans la croyance d’une réparation posthume, on l’empêchait de revendiquer son droit au bonheur dans le monde présent. « Mon peuple n’a pas besoin de penser », disait un roi des Deux-Siciles ; cet idéal : un peuple qui ne pense pas, a été celui de tous les gouvernements de classe ou d’individu.

À leur tour, les démocrates, les uns par mysticisme, les autres par calcul d’arrivisme, sont venus aduler le peuple, lui vanter sa force, sa clairvoyance, sa magnanimité, sa grandeur. De même qu’on proclamait hypocritement la souveraineté et la gloire du travail, en réalité écrasement du producteur au profit de ses maîtres économiques, on lui vantait aussi son courage et son intelligence, alors qu’il demeurait un misérable esclave.