Page:Malato - Les classes sociales au point de vue de l’évolution zoologique.djvu/8

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obligé de vendre son intelligence ou sa vigueur musculaire pour un salaire de famine, l’ouvrière forcée de chercher, au sortir de la fabrique, un supplément de ressources dans la prostitution sont libres ? Qui osera affirmer qu’un mendiant et un financier sont égaux ou que le réfractaire éliminé de la société est le frère du bourgeois satisfait qu’il guette nuitamment, le couteau à la main, au coin d’une rue déserte ?

Tous ces types appartiennent à des catégories sociales différentes qui n’ont de commun aucun lien matériel ou même moral.

Ce sont ces catégories que nous nous proposons d’étudier. Elles sont les mêmes en France qu’en Angleterre, Allemagne, Autriche, Italie, États-Unis et autres pays à civilisation capitaliste. Les différences de terroir et de traditions, qui vont chaque jour s’atténuant dans le développement prodigieux des rapports internationaux, ne séparent plus comme autrefois les habitants des deux rives d’un fleuve ou des deux versants d’une montagne ; les véritables frontières ne s’appellent plus le Rhin, la Manche, les Alpes, mais Richesse et Misère. Aux Champs-Élysées et à Belleville, à White-Chapel et au West-End, sont campées côte à côte des nations ennemies.

Ennemies ! Inexorablement ennemies ! Si le déshérité de France et celui d’Allemagne seraient absurdes de sacrifier la seule chose qu’ils possèdent au monde : leur vie, pour complaire à des poètes chauvins ou aux spéculateurs de la Bourse, par contre, les motifs de rancune, de convoitise, de haine ne sont que trop réels