Page:Malato - Les classes sociales au point de vue de l’évolution zoologique.djvu/96

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C’est donc en immense majorité dans le prolétariat que se recrute le gibier pénitentiaire.

Parmi ces malfaiteurs qui n’assassinent point au nom de la patrie et qui ne volent pas avec la permission du Code, deux divisions bien tranchées apparaissent tout de suite : les malfaiteurs parfaitement normaux, victimes du milieu social (misère ou préjugés, y compris même les entraînements passionnels, souvent développés par l’éducation propriétaire) et les anormaux ou dégénérés.

La transformation du milieu devra éliminer ou réduire considérablement les délinquants du premier ordre, ceux que Lombroso appelle « délinquants occasionnels » ; elle rendra possible la guérison des seconds. Quant aux incurables, les plus irresponsables de tous — la responsabilité absolue n’existant pour personne, incompatible qu’elle est avec le déterminisme — les torturer ou les supprimer ne serait qu’une barbarie inutile, et dans une société moralement évoluée qui donc voudrait se faire tortionnaire ou bourreau ? Il conviendra tout simplement de les mettre dans l’impossibilité de nuire et de les empêcher non pas de satisfaire un besoin physiologique aussi respectable que les autres besoins, mais de reproduire une race de monstres qui serait condamnée d’avance aux pires douleurs.

La mort, le bagne et même la simple prison sont un legs de la barbarie médiévale et des religions. Pour empêcher les abus de la force, les fondateurs de sociétés n’avaient trouvé rien de mieux que d’inventer