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vaient à des luttes inouïes maintenant qu’on allait partager le butin de la victoire. C’est un phénomène inhérent à tous les partis politiques ou religieux, qui peuvent bien se réunir un moment contre l’ennemi commun, mais qui, à peine maîtres de la situation, se livrent une guerre sans pitié.

Pour être juste, il faut reconnaître que la cupidité de jouir grossièrement sans partage, n’est pas le seul mobile de ces conflits, la griserie mentale y est pour bien plus. Et plus la foi est sincère, plus l’idéal politique ou religieux sera subtil, raffiné, immatériel, plus l’emportement sera féroce. Le paganisme, religion sensuelle, parfois même bestiale, avait été tolérant ; le monothéisme fut toujours cruel. « Le fanatisme, dit Darmesteter[1], est le privilège des religions morales qui, s’étant fait un idéal élevé et exclusif comme tout idéal, poursuivent tout ce qui s’en écarte d’une haine qui ne peut pardonner sans apostasie ».

Aussi, à peine triomphante, les évêques chrétiens s’empressèrent-ils de codifier la religion en formules dogmatiques, frappant sans pitié les hérétiques.

Ce fut l’œuvre du concile de Nicée (325).

Il n’entre pas dans notre cadre de suivre par le menu les disputes théologiques ; nous n’avons cherché qu’à retracer, dans ses grandes lignes, la genèse d’une immense révolution. Nous dirons, cependant, quelques mots du concile où, pour la première fois, le dogme chrétien fut solennellement proclamé.

Une grave controverse divisait les évêques : La

  1. Essais orientaux.