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occidentale s’opère au ixe siècle. Charlemagne a complété l’œuvre de son père en brisant le cercle de fer qui entourait la papauté et en lui constituant un domaine. Jésus, dont le royaume n’était pas de ce monde, se trouve ainsi furieusement distancé par son vicaire, maître au spirituel et au temporel ! Le pontife, pour qui la reconnaissance est la meilleure politique, fait du roi franc un empereur d’Occident. De l’Elbe à la Manche, de la Save aux Pyrénées, les peuples reçoivent le dogme catholique et les capitulaires.

Unification trompeuse, toute de surface, qui ne devait pas être de longue durée. Charlemagne put, en maniant les deux armes de l’antiquité et du moyen âge : la Foi et la Force, tenir un moment courbées sous son sceptre ces masses, différentes de langues et de mœurs ; mais, après lui, tout se disloqua.

L’homme qui, entre César et Napoléon, surgit pour réaliser un moment la monarchie universelle, fut sans doute autre chose qu’un conquérant assoiffé de batailles. Peut-être, hanté par le plus haut idéal qu’on pût concevoir à cette époque, se crut-il appelé à rendre au monde endolori la paix romaine, à faire entrer dans le giron de la civilisation renaissante de nouvelles masses barbares. Sa vie entière, qui est celle d’un législateur autant que d’un guerrier, semble prouver qu’il eut la conception d’un état social où les peuples, sans distinction de frontières, vivraient unis sous une même foi et une même loi.

Ce groupement des masses humaines en une im-