Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/164

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lemment secoué, tend bientôt à reprendre le cours de ses oscillations isochrones.

Il s’en faut que, dans les étapes de l’humanité, l’évolution morale ait marché de pair avec le progrès des idées. Actuellement, il ne manque pas d’athées qui vont à la messe et de partisans de l’union libre qui se marient : nombre de conservateurs endurcis déclarent, dans l’intimité, que les conceptions socialistes et même anarchistes leur semblent parfaitement justifiées. « Nous ressemblons, a très bien dit un écrivain, à ces Canaques ou à ces Indiens qui, amenés tout enfants dans nos écoles, s’assimilent avec une surprenante facilité les éléments de nos sciences sans pouvoir s’adapter à nos conditions sociales et qu’un irrésistible instinct rappelle à la vie sauvage dès qu’ils ont atteint l’âge d’homme. »

Évolution, révolution, réaction, tel est l’ordre fatal dans lequel l’humanité s’achemine vers le progrès indéfini. Vienne l’heure et, comme dans ces gigantesques marées d’équinoxes, la vague humaine s’élance avec une force irrésistible pour se replier ensuite sur elle-même après avoir balayé tout ce qui pouvait lui faire obstacle.

L’agent le plus actif des révolutions et des réactions a toujours été la femme. Ce fut elle qui reçut et infiltra dans la société païenne le christianisme. Écrasée, soumise aux caprices du maître époux, répudiable lorsqu’elle avait cessé de plaire, esclave du gynécée ou du lupanar, elle avait communiqué à la doctrine nouvelle tous les élans de son âme, toutes les ardeurs de son mysticisme ; enthousiaste et tenace à l’excès, nul ne fut meilleur propagandiste.