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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/238

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férents au péril, déclarer la guerre au vieux monde.

Les anarchistes pendus à Chicago, le 11 novembre 1887, se sont montrés d’un héroïsme simple et grandiose. Au cours d’une grève fomentée dans cette ville par l’association des « Chevaliers du travail », une bombe, lancée sur les policiers qui massacraient la foule paisible, avaient étripé sept d’entre eux. Les autorités résolurent de faire un grand exemple.

Un procès sans pareil commença contre Auguste Spies, Michel Schwab, Louis Lingg, George Engel, Adolphe Fischer, Oscar Neebe, Samuel Fielden, Albert Parsons. Les six premiers étaient d’origine allemande, le septième Anglais, le dernier, seul, natif des États-Unis. Jamais la justice américaine n’étala sa corruption avec plus d’impudeur : tous les témoins furent subornés. L’instruction constatait que la bombe avait été jetée par un nommé Schnaubel, celui-ci ne fut même pas recherché : on voulait détruire le parti révolutionnaire dans ses orateurs et ses écrivains les plus militants. « Il n’y a pas de preuves, déclara le procureur Hunt, que l’un ou l’autre des accusés puisse être mis en relation quelconque avec le meurtre commis par la bombe jetée sur les policiers, mais ils ont tous participé à une conspiration générale pour renverser l’ordre existant. » Conspiration bien générale, en effet, puisqu’elle subsiste à travers les siècles et compte pour complices les millions de penseurs ou de malheureux, qui poursuivent l’avènement de la justice sociale ! Et le procureur Grinnel, sinistre figure d’inquisiteur, surenchérissait : « Ce procès est la condamnation ou l’acquittement de l’anarchie ; il est