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au Constantin pour en finir avec une opposition gênante et avoir les bras libres en cas de conflagration européenne ; les mesures rigoureuses contre les socialistes sont peu à peu abrogées, des réformes ouvrières mises à l’étude, une conférence internationale a même été convoquée à Berlin pour statuer sur une législation du travail ; il est vrai que le secret gardé sur les délibérations autorise à croire qu’il s’est agi moins d’améliorer le sort des classes pauvres que de museler le prolétariat. La masse allemande vaut mieux que ses chefs et Liebknecht, prêt à devenir le ministre d’un empire socialiste, sera peut-être débordé par le flot populaire. Il faut reconnaître, cependant, que l’esprit germain, méthodique à l’excès et façonné par l’atavisme, se prête plus que tous autres à l’enrégimentation. Aussi les sozial-demokrats l’emportent-ils infiniment en nombre sur les anarchistes[1].

Il en est tout différemment en France où les marxistes, ralliés autour de Jules Guesde, de Deville et du docteur Lafargue, ne constituent qu’un noyau insignifiant, état-major sans armée qui n’en a pas moins la prétention de diriger scientifiquement, — il faut voir comme ils se rengorgent en prononçant ce mot, — les moindres mouvements révolutionnaires. Hommes de valeur, pour la plupart, mais

  1. « Le parti ouvrier socialiste démocrate n’a cessé d’affirmer hautement qu’il est un parti-révolutionnaire… Les clairvoyants de notre parti n’ont jamais cru à la possibilité d’une révolution pacifique » disait le Sozial demokrat (organe de Liebknecht et Bebel) dans son no du 20 février 1881. « Nous ne sommes pas des révolutionnaires, » déclarait en mai 1890 le même Liebknecht à un journaliste français.