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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/269

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naient résolument aux révolutionnaires d’avant-garde. La période embryonnaire et romantique du parti semble passée ; les idées se précisent ; l’anarchiste n’est plus aujourd’hui un déclamateur épileptique ; s’il n’a pas la prétention de donner un programme minutieux de l’avenir, il n’en a pas moins des conceptions positives : remplacement de l’autorité gouvernementale par l’association des hommes et des groupes, restitution du capital individualisé à la société tout entière.

À la vérité, quelques anarchistes, en voulant réagir contre la sécheresse des doctrinaires, sont tombés dans l’excessif sentimentalisme des révolutionnaires de 48. La société actuelle leur paraît tellement hideuse qu’ils vivent tout entiers dans leur rêve d’avenir ; cette vision d’harmonie universelle leur cache parfois les nécessités de la lutte, de sorte que, s’ils ne trouvaient pas leur contrepoids, ces hommes auxquels on a fait une réputation terrible seraient dupes de leur bon cœur. Avec le poète Paillette, ils chantent :


Le roman du monde n’est rien.

Nous voulons le beau dans le bien,
Il faut à notre amour païen
Les plus colossales étreintes ;
Notre patrie est le Grand Tout ;
Notre cœur, un passe-partout,
Cherche sa famille, surtout

Du côté d’où viennent les plaintes.


Autrement qu’aux civilisés

Il faut à nos sens apaisés
Les caresses et les baisers

Des vieux, des bébés et des mères