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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/272

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des Lebel, fera une ample moisson puis, comme après la réforme, comme après la Révolution, l’Europe émergera de l’immense cataclysme rajeunie, transformée. « La fleur sort du fumier », répétait Bakounine, apôtre de la destruction sans phrases : la génération actuelle servira de fumier à la génération future.

Dans ce conflit qui, fatalement, embrasera toutes les nations du vieux monde, la réaction jouera son va-tout. La féodalité allemande, la bancocratie anglaise, la vieille cour autrichienne, le Quirinal, le Gesù s’allieront pour une partie désespérée, tandis que l’autocrate russe se tiendra prêt à évoluer selon ses intérêts. Ce n’est certainement pas la démocratie bourgeoise, égoïste et rapace, amollie comme tous les parvenus, qui pourra tenir tête à l’orage, ni les révolutionnaires jacobins, plagiaires d’un siècle disparu, ni les socialistes à système, rêveurs qu’effarera le premier vent de tempête. Seuls, les éléments violents, excessifs, agissant dans le peuple, et, l’empoignant comme une catapulte, pourront le lancer sur l’ennemi, orienter son action et donner son maximum d’intensité à la tourmente, dans laquelle eux-mêmes sont condamnés à disparaître à moins d’en sortir transformés.

Monarchies absolues, constitutionalisme, république, toutes ces formes qui, jadis, ont fait vibrer les enthousiasmes, s’évanouissent alternativement devant la poussée d’un siècle imprégné de positivisme. Le libéral russe revendique une Constitution limitant l’autorité souveraine ; le démocrate belge s’insurge contre le régime censitaire ; le radical