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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/43

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les auteurs, mais pour les historiens officiels, tous les insurgés ne sont-ils pas des brigands ? Barcozeb (fils du mensonge), pour augmenter son ascendant sur les masses, se fit appeler Barcocabas (fils de l’étoile) ; des procédés, semblables à ceux employés par tous les prophètes le firent paraître un véritable envoyé de Dieu : par une étoupe, cachée dans sa bouche, il vomissait la flamme. Sous sa conduite, les Juifs, résolus à vaincre ou à mourir, tinrent tête pendant trois ans aux armées impériales. La guerre se termina par la ruine de cinquante forteresses, neuf cent quatre-vingt-cinq bourgades, et le massacre de six cent mille Juifs. Une innombrable quantité de tout sexe et de tout âge furent vendus au prix des chevaux dans les marchés de Gaza et de Térébinthe. Désormais, il n’y eut plus, dans la Judée dépeuplée, que des émeutes, fréquentes à la vérité, mais bien vite réprimées.

Cette catastrophe dut contribuer plus que tout à l’élan mystique qui transforma définitivement le christianisme en religion ; c’est surtout dans le malheur que prennent corps la foi et l’espérance. La véritable Jérusalem considérée par les fidèles comme la ville par excellence, — Athènes, Rome, Constantinople, Londres, Paris ont eu tour à tour ce rôle historique ; — n’existant plus, on se forgea une Jérusalem céleste, cité de bonheur et d’égalité où, après leur mort, habiteraient les justes.

L’Église de Rome grandit par la chute de sa sœur rivale. « On vit alors, dit Ch. Paya[1], se produire

  1. De l’Origine de la Papauté, par Ch. Paya (Paris, 1860).