Page:Malebranche - De la recherche de la vérité.djvu/540

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minuent et qui disparaissent entièrement, et qu’il y en a aussi qui paraissent toutes nouvelles, et dont l’éclat et la grandeur augmentent beaucoup. Elles augmentent ou diminuent à mesure que les tourbillons, dont elles sont les centres, reçoivent plus ou moins du premier élément. On cesse de les voir lorsqu’il s’y forme des taches et des croûtes, et l’on commence à les découvrir lorsque ces taches qui en empêchent l’éclat se dissipent entièrement. Toutes ces étoiles gardent toujours entre elles la même distance ; puisqu’elles sont les centres des tourbillons, et qu’elles ne sont point entraînées tant qu’elles résistent aux autres tourbillons ou qu’elles sont étoiles. Elles sont toutes éclatantes comme de petits soleils, parce qu’elles sont comme lui les centres de quelques tourbillons qui ne sont point encore vaincus. Elles sont toutes inégalement distantes de la terre, quoiqu’elles paraissent aux yeux comme attachées à une voûte ; car si l’on n’a point encore remarqué la parallaxe des plus proches avec les plus éloignées, par la différente situation de la terre de six mois en six mois, c’est que cette différence de situation n’est pas assez grande, à cause de l’éloignement immense où nous sommes des étoiles, pour rendre cette parallaxe sensible. Peut-être que, par le moyen des télescopes, on en pourra remarquer quelque peu. Enfin, tout ce qu’on peut observer dans les étoiles par l’usage des sens et par l’expérience, n’est point différent de ce qu’on vient de découvrir par l’esprit, en examinant les rapports les plus simples et les plus naturels qui se trouvent entre es parties et les mouvements de l’étendue.

Si l’on veut examiner la nature des corps qui sont ici-bas, il faut d’abord se représenter que le premier élément étant composé d’un nombre infini de figures différentes, les corps qui auront été formés par l’assemblage des parties de cet élément seront de plusieurs sortes. Il y en aura dont les parties seront branchues, d’autres dont elles seront longues, d’autres dont elles seront comme rondes mais irrégulières en toutes façons. Si leurs parties branchues sont assez grosses, ils seront durs, mais flexibles et sans ressort, comme l’or ; si leurs parties sont moins grosses, ils seront mous ou fluides, comme les gommes, les graisses, les huiles ; mais si leurs parties branchues sont extrêmement délicates, ils seront semblables à l’air. Si les parties longues des corps sont grosses et inflexibles, ils seront piquants, incorruptibles, faciles à dissoudre comme les sels ; si ces mêmes parties longues sont flexibles, ils seront insipides comme les eaux ; s’ils ont des parties grossières et irrégulières en toutes façons, ils seront semblables à la terre et aux pierres. Enfin il y aura des corps de plusieurs différentes natures,