Page:Malebranche - De la recherche de la vérité.djvu/600

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laissent souvent la partie dans une contorsion extraordinaire pendant un temps considérable.

Pour les mouvements convulsifs qui se font avec promptitude, ils sont causés par les esprits ; mais il n’est pas nécessaire que ces esprits reçoivent quelque fermentation, il suffit pour cela que les conduits par où ils passent soient plus ouverts par un côté que par un autre.

Quand toutes les parties du corps sont dans leur situation naturelle, les esprits animaux s’y répandent également et promptement par rapport au besoin de la machine, et ils exécutent fidèlement les ordres de la volonté ; mais lorsque les humeurs troublent la disposition du cerveau. et qu’elles changent ou remuent diversement les ouvertures des nerfs, ou que, pénétrant dans les muscles, elles en agitent les ressorts, les esprits se répandent dans les parties d’une manière toute nouvelle, et produisent des mouvements extraordinaires sans que la volonté y ait part.

Cependant on peut quelquefois, par une forte résistance, empêcher quelques-uns de ces mouvements, et diminuer même peu à peu les traces qui servent à les produire, quoique l’habitude soit toute formée. Ceux qui prennent garde à eux s’empêchent assez facilement de faire des grimaces ou de prendre un air ou une posture indécence, quoique le corps y soit disposé ; ils surmontent même ces choses, quoiqu’elles soient fortifiées par l’habitude, mais avec beaucoup plus de peine, car il faut toujours les combattre dans leur naissance et avant que le cours des esprits se soit fait un chemin trop difficile à fermer.

La cause de ces mouvements est quelquefois dans le muscle qui est agité, c’est quelque humeur qui le pique ou quelques esprits qui s’y fermement ; mais on doit juger qu’elle est dans le cerveau, principalement lorsque les convulsions n’agitent pas seulement une ou deux parties du corps en particulier, mais presque toutes, et encore dans plusieurs maladies qui changent la constitution naturelle du sang et des esprits.

Il est vrai qu’un seul nerf ayant quelquefois différentes branches qui se répandent dans des parties du corps assez éloignées, comme sur le visage et dans les entrailles, il arrive assez souvent que la convulsion. ayant sa cause dans une partie dans laquelle quelqu’une de ces branches s’insinue, peut se communiquer à celles où les autres branches répondent sans que le cerveau en soit la cause et que les esprits soient corrompus.

Mais, lorsque les mouvements convulsifs sont communs à presque toutes les parties du corps, il est nécessaire de dire ou que les