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Page:Malebranche - Entretien d’un philosophe chrétien et d’un philosophe chinois, II, 1708.djvu/28

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avons des objets, lorsque nous ouvrons les yeux au milieu d’une campagne. On vous dira que de la connaissance que l’âme a des diverses projections ou images que les objets tracent sur le nerf optique, elle en forme cette variété de perceptions et de sentiments. Cela me paraît assez vraisemblable.

LE CHRÉTIEN : Cela peut paraître vraisemblable, mais certainement cela n’est pas vrai. Car t°. Il n’est pas vrai que l’âme connaisse qu’il se fait telles et telles projections sur le nerf optique : elle ne sait pas même comment l’œil est fait, et s’il est tapissé du nerf optique. Supposé qu’elle connût tout cela, comme elle ne sait ni l’optique ni la géométrie, elle ne pourrait de la connaissance des projections des objets dans ses yeux, en conclure ni leur figure, ni leur grandeur : leur figure, parce que la projection d’un cercle, par exemple, n’est jamais un cercle, excepté dans un seul cas ; leur grandeur, parce qu’elle n’est pas proportionnée à celle des projections, lorsqu’ils ne sont pas dans une égale distance. 3°. Supposé qu’elle sût