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Page:Malebranche - Entretien d’un philosophe chrétien et d’un philosophe chinois, II, 1708.djvu/5

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que nous le concevons seulement comme un grand et puissant empereur. Votre Ly, votre souveraine justice, approche infiniment plus de l’idée de notre Dieu, que celle de ce puissant empereur. Détrompez-vous sur notre doctrine. Je vous le répète, notre Dieu c’est celui qui est, c’est l’Être infiniment parfait, c’est l’Être. Ce roi du ciel que vous regardez comme notre Dieu, ne serait qu’un tel être, qu’un être particulier, qu’un être fini. Notre Dieu c’est l’Être sans aucune restriction ou limitation. Il renferme en lui-même d’une manière incompréhensible à tout esprit fini, toutes les perfections, tout ce qu’il y a de réalité véritable dans tous les êtres et créés et possibles. Il renferme en lui ce qu’il y a même de réalité ou de perfection dans la matière, le dernier et le plus imparfait des êtres ; mais sans son imperfection, sa limitation, son néant ; car il n’y a point de néant dans l’Être, de limitation dans l’infini en tout genre. Ma main n’est pas ma tête, ma chaise, ma chambre, ni mon esprit ni le vôtre. Elle renferme