Page:Malebranche - Entretien d’un philosophe chrétien et d’un philosophe chinois, II, 1708.djvu/65

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qui bâtit une maison et qui peu de jours après la jette par terre, marque très probablement par le changement de sa conduite, son inconstance, son repentir, son peu de prévoyance ; parce qu’il n’agit que par des volontés, ou avec des desseins particuliers et bornés. Mais la cause universelle agit et doit agir sans cesse par des volontés générales, et suivre exactement les lois sages qu’elle s’est prescrites après en avoir prévu toutes les suites. Après, dis-je, en avoir prévu, et voulu positivement et directement tous les effets qui rendent son ouvrage plus parfait, car c’est à cause de ces bons effets qu’il a établi ces lois : mais prévu et seulement permis les mauvais, c’est-à-dire indirectement voulu qu’ils arrivassent. Car il ne les veut point directement ces mauvais effets : il ne les veut que parce qu’il veut directement agir selon ce qu’il est, et conserver dans sa conduite la généralité et l’uniformité qui lui convient, afin qu’elle soit conforme à ses attributs. Ce n’est pas cependant que lorsque l’ordre de ces mêmes attributs demande ou permet qu’il agisse par des volontés particulières,