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Page:Malebranche - Entretien d’un philosophe chrétien et d’un philosophe chinois, II, 1708.djvu/73

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LE CHINOIS : Cela est fort bien. Mais que répondez-vous à ma seconde preuve de l’éternité de l’étendue : n’est-elle pas démonstrative ? Ne peut-on pas affirmer ce qu’on conçoit clairement ? Or quand nous pensons à l’étendue, nous la concevons éternelle, nécessaire, infinie. Donc l’étendue n’est point faite : elle est éternelle, nécessaire, infinie.

LE CHRÉTIEN : Oui sans doute, l’étendue, celle que vous apercevez immédiatement et directement, l’étendue intelligible est éternelle, nécessaire, infinie. Car c’est l’idée ou l’archétype de l’étendue créée, que nous apercevons immédiatement : et cette idée est l’essence éternelle de Dieu même, en tant que relative à l’étendue matérielle, ou en tant que représentative de l’étendue dont cet univers est composé. Cette idée n’est point faite, elle est éternelle. Mais l’étendue dont il est question, celle dont cette idée est le modèle, est créée dans le temps par la volonté du Tout-Puissant. Est-ce que vous confondez encore les idées des corps avec les corps mêmes ? De l’existence de l’idée qu’on aperçoit