Page:Malebranche - Méditations métaphysiques et correspondance, 1841.djvu/128

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cause de ses erreurs était qu'il confondait les idées qui sont éternelles immuables nécessaires avec les objets dont elles sont les archétypes ; et puisque vous avez le petit Entretien d'un philosophe chinois, etc., j'espère qu'il vous éclaircira ma raison.

Selon la troisième définition de l'auteur, commune aux philosophes, ce qu'on peut concevoir seul est une substance ; et une modification c'est ce qu'on ne peut concevoir sans la substance dont elle est la modification. Or je ne puis concevoir imaginer sentir seul un pied cube d'étendue sans penser à autre chose ; donc cette étendue est la substance, et sa figure cubique en est la modification. Ce pied cube est bien une partie d'une plus grande étendue, mais il n'en est pas la modification. Il en est de même des nombres et nombrants et nombrés. 2 n'est pas une modification de 4 mais la moitié ni deux pistoles la modification de quatre pistoles, selon sa troisième définition. Car je puis penser à deux sans penser à quatre. Cela est évident.

L'auteur ne prouve donc point qu'il n'y a qu'une substance. Il prouve seulement qu'il n'y a qu'une soueraine Raison qui renferme les idées de tous les êtres possibles : et il ne prouve nullement que cette raison qui l'éclaire soit l'univers, et que le ciel la terre les hommes et lui-même soient des modifications de cette raison. Et s'il peut nier qu'il y ait des corps créés ou des substance étendues qui répondent à