Page:Malebranche - Méditations métaphysiques et correspondance, 1841.djvu/183

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est vrai. Mais c’est qu’une substance ne peut être conçue sans ce qui la constitue substance. Elle est partie de l’étendue ou de la substance qui compose l’univers; mais elle n’est pas la modification de l’étendue; ou par lê mot de modification, ou de manière d’être, ou d’affection, terme que je n’entends pas, vous n’entendez pas ce que tout le monde entend. Si nous n’attachons pas les mêmes idées aux mêmes termes, nous parlons inutilement. La rondeur est, selon tout le monde, la modification de la substance, ou de l’étendue de la boule, parce qu’on ne peut concevoir de rondeur sans étendue. Je puis concevoir la boule A, et elle peut exister toute seule. « Non, dirait-il, cette boule serait infinie; car qui est-ce qui la terminerait? » Rien, lui dirais-je. Car pour la terminer il ne faut rien : il suffit qu’elle soit telle qu’elle est. La rondeur de boule n’appartient qu’à la boule, et dépend nullement de ce qui l’environne; que ce soit de l’air ou rien c’est la même chose. « Mais ne concevez-vous pas que l’étendue est infinie? ... » Oui, l’idée de l’etendeue est infinie; mais cela n’empêche pas que la boule ne soit une substance, une partie de la substance, fût-elle infinie, dont lê monde est composé. L’idée de l’étendue est infinie, mais son ideatum ne l’est peut-être pas. Peut-être n’y a-t-il actuellement aucun ideatum. Je ne vois immédiatement que l’