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Page:Malherbe - Œuvres poétiques de Malherbe, éd. Blanchemain, 1897.djvu/139

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STANCES.

De si bien charmer ses appas
Que je peusse la trouver belle,
Pallir, transir, languir pour elle,
Et ne m’en appercevoir pas ?

Ô ! qu’il me seroit desirable
Que je ne fusse miserable
Que pour estre dans sa prison
Mon mal ne m’étonneroit gueres,
Et les herbes les plus vulgaires
M’en donneroient la guerison.

Mais, ô rigoureuse avanture !
Un chef-d’oeuvre de la nature,
Au lieu du monde le plus beau,
Tient ma liberté si bien close
Que le mieux que je m’en propose,
C’est d’en sortir par le tombeau.

Pauvre Phylis mal advisée,
Cessez de servir de risée,
Et souffrez que la verité
Vous témoigne vostre ignorance,
Afin que, perdant l’esperance,
Vous perdiez la temerité.

C’est de Glicere que procedent
Tous les ennuis qui me possedent,