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Page:Malherbe - Œuvres poétiques de Malherbe, éd. Blanchemain, 1897.djvu/192

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STANCES.


Voyez des bords de Loire et des bords de Garonne
Jusques à ce rivage où Thetis se couronne
De bouquets d’orangers,
À qui ne donnez-vous une heureuse bonace,
Loin de toute menace
Et de maux intestins et de maux estrangers ?

Où ne voit-on la paix, comme un roc affermie,
Faire à nos Gerions detester l’infamie
De leurs actes sanglans,
Et la belle Cerés, en javelles seconde,
Oster à tout le monde
La peur de retourner à l’usage des glans ?

Aussi dans nos maisons, en nos places publiques,
Ce ne sont que festins, ce ne sont que musiques
De peuples réjouys ;
Et, que l’astre du jour, ou se leve ou se couche,
Nous n’avons en la bouche
Que le nom de Marie et le nom de Louys.

Certes une douleur quelques ames afflige,
Qu’un fleuron de nos lys, separé de sa tige
Soit prest à nous quitter ;
Mais, quoy qu’on nous augure et qu’on nous face craindre,
Elize est-elle à plaindre
D’un bien que tous nos voeux luy doivent souhaitter ?