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STANCES.


Un siecle renaistra comblé d’heur et de joye,
Où le nombre des ans sera la seule voye
D’arriver au trépas.
Tous venins y mourront comme au temps de nos peres,
Et mesme les viperes
Y picqueront sans nuire, ou n’y picqueront pas.

La terre en tous endroits produira toutes choses ;
Tous metaux seront or, toutes fleurs seront roses,
Tous arbres oliviers ;
L’an n’aura plus d’hiver, le jour n’aura plus d’ombre,
Et les perles sans nombre
Germeront dans la Seine au milieu des graviers.

Dieux, qui de vos arrests formez nos destinées,
Donnez un dernier terme à ces grands hymenées,
C’est trop les differer ;
L’Europe les demande, accordez sa requeste :
Qui verra cette feste
Pour mourir satisfait n’aura que desirer.