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Page:Malherbe - Œuvres poétiques de Malherbe, éd. Blanchemain, 1897.djvu/279

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CHANSONS.

Toute chose aux délices conspire,
Mettez-vous en votre humeur de rire :
Les soins profonds d’où les rides nous viennent
A d’autres ans qu’aux vostres appartiennent.

Il fait chaud, mais un fueillage sombre
Loin du bruit nous fournira quelque ombre,
Où nous ferons, parmy les violettes,
Mépris de l’ambre et de ses cassolettes.

Prés de nous, sur les branches voisines
Des genests, des houx et des épines,
Le rossignol, déployant ses merveilles,
Jusqu’aux rochers donnera des oreilles.

Et peut-estre, à travers les fougères,
Verrons-nous de bergers à bergères,
Sein contre sein et bouche contre bouche,
Naistre et finir quelque douce escarmouche.

C’est chez eux qu’Amour est à son aise ;
Il y saute, il y danse, il y baise,
Et foule aux pieds les contraintes serviles
De tant de lois qui le gesnent aux villes.

Ô qu’un jour mon ame auroit de gloire
D’obtenir cette heureuse victoire,
Si la pitié de mes peines passées
Vous disposoit à semblables pensées !