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Page:Malherbe - Œuvres poétiques de Malherbe, éd. Blanchemain, 1897.djvu/59

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ODE VI.


Comme, en cueillant une guirlande,
L’homme est d’autant plus travaillé
Que le parterre est émaillé
D’une diversité plus grande,
Tant de fleurs de tant de costez
Faisant paroistre en leurs beautez
L’artifice de la nature
Qu’il tient suspendu son desir,
Et ne sçait en cette peinture
Ny que laisser, ny que choisir :

Ainsi quand, pressé de la honte
Dont me fait rougir mon devoir,
Je veux mon oeuvre concevoir
Qui pour toy les âges surmonte,
Tu me tiens les sens enchantez
De tant de rares qualitez
Où brille un excez de lumiere
Que plus je m’arreste à penser
Laquelle sera la premiere,
Moins je sçay par où commencer.

Si nommer en son parentage
Une longue suitte d’ayeux
Que la gloire a mis dans les cieux
Est reputé grand avantage,
De qui n’est-il point recognu
Que tousjours les tiens ont tenu