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ODE VI.

Tout lasche et perfide qu’il est,
Jette les yeux dessus ta vie,
Et te voit emporter le pris
Des grands coeurs et des beaux esprits
Dont aujourd’huy la France est pleine,
Est-il pas contraint d’avoüer
Qu’il a luy-mesme de la peine
A s’empescher de te loüer ?

Soit que l’honneur de la carriere
T’appelle à monter à cheval,
Soit qu’il se presente un rival
Pour la lice ou pour la barriere,
Soit que tu donnes ton loisir
A prendre quelque autre plaisir,
Eloigné des molles delices,
Qui ne sçait que toute la Court
A regarder tes exercices
Comme à des theatres accourt ?

Quand tu passas en Italie,
Où tu fus querir pour mon Roy
Ce joyau d’honneur et de foy
Dont l’Arne à la Seine s’allie,
Thetis ne suivit-elle pas
Ta bonne grace et tes appas
Comme un objet émerveillable,
Et jura qu’avecque Jason