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Page:Malherbe - Œuvres poétiques de Malherbe, éd. Blanchemain, 1897.djvu/70

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ODE VII


Au delà des bords de la Meuse,
L’Alemagne a vu nos guerriers,
Par une conqueste fameuse,
Se couvrir le front de lauriers.
Tout a fléchi sous leur menace ;
L’aigle mesme leur a fait place,
Et, les regardant approcher
Comme lyons à qui tout cede,
N’a point eu de meilleur remede
Que de fuïr et se cacher.

Ô reine qui, pleine de charmes
Pour toute sorte d’accidents,
As borné le flus de nos larmes
En ces miracles evidents,
Que peut la fortune publique
Te voüer d’assez magnifique,
Si, mise au rang des immortels
Dont ta vertu suit les exemples,
Tu n’as avec eux, dans nos temples,
Des images et des autels ?

Que sauroit enseigner aux princes
Le grand demon qui les instruit,
Dont ta sagesse en nos provinces
Chaque jour n’épande le fruit ?
Et qui justement ne peut dire,
À te voir regir cet empire,