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Page:Malherbe - Œuvres poétiques de Malherbe, éd. Blanchemain, 1897.djvu/88

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ODE IX


Certes, ou je me trompe, ou déja la Victoire
Qui son plus grand honneur de tes palmes attent,
Est aux bords de Charente en son habit de gloire,
Pour te rendre content.

Je la voy qui t’appelle, et qui semble te dire :
« Roy, le plus grand des rois, et qui m’es le plus cher,
Si tu veux que je t’aide à sauver ton empire,
Il est temps de marcher. »

Que sa façon est brave et sa mine asseurée !
Qu’elle a fait richement son armure étoffer !
Et qu’il se cognoist bien, à la voir si parée,
Que tu vas triompher !

Telle, en ce grand assaut où des fils de la Terre
La rage ambitieuse à leur honte parut,
Elle sauva, le ciel, et rua le tonnerre
Dont Briare mourut.

Déja de tous costez s’avançoient les approches ;
Icy courait Mimas, là Typhon se battoit,
Et là suoit Euryte à détacher les roches
Qu’Encelade jettoit.

A peine cette vierge eut l’affaire embrassée.
Qu’aussi-tost Jupiter, en son trosne remis,
Vit, selon son desir, la tempeste cessée,
Et n’eut plus d’ennemis.