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FRANÇOIS DE MALHERBE

Votre courage, mûr en sa verte saison,
Nous ait acquis la paix sur la terre et sur l’onde ;

Que l’hydre de la France, en révoltes féconde,
Par vous soit du tout morte ou n’ait plus de poison,
Certes, c’est un bonheur dont la juste raison
Promet à votre front la couronne du monde.

Mais qu’en de si beaux faits vous m’ayez pour témoin.
Connaissez-le, mon roi, c’est le comble du soin
Que de vous obliger ont eu les Destinées.

Tous vous savent louer, mais non également ;
Les ouvrages communs vivent quelques années,
Ce que Malherbe écrit dure éternellement.


Pour M. le Cardinal de Richelieu


PEUPLES, çà, de l’encens ; peuples, çà, des victimes
À ce grand Cardinal, grand chef-d’œuvre des cieux,
Qui n’a but que la gloire, et n’est ambitieux
Que de faire mourir l’insolence des crimes.

À quoi sont employés tant de soins magnanimes
Où son esprit travaille et fait veiller ses yeux,
Qu’à tromper les complots de nos séditieux,
Et soumettre leur rage aux pouvoirs légitimes ?

Le mérite d’un homme, ou savant, ou guerrier,
Trouve sa récompense aux chapeaux de laurier,
Dont la vanité grecque a donné les exemples.

Le sien, je l’ose dire, est si grand et si haut,
Que si, comme nos dieux, il n’a place en nos temples,
Tout ce qu’on lui peut faire est moins qu’il ne lui faut.