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FRANÇOIS DE MALHERBE

Sur la Mort de son Fils


QUE mon fils ait perdu sa dépouille mortelle,
Ce fils qui fut si brave, et que j’aimai si fort,
Je ne l’impute point à l’injure du sort,
Puisque finir à l’homme est chose naturelle.

Mais que de deux marauds la surprise infidèle
Ait terminé ses jours d’une tragique mort,
En cela ma douleur n’a point de réconfort,
Et tous mes sentiments sont d’accord avec elle.

Ô mon Dieu, mon Sauveur, puisque, par la raison,
Le trouble de mon âme étant sans guérison,
Le vœu de la vengeance est un vœu légitime,

Fais que de ton appui je sois fortifié ;
Ta justice t’en prie, et les auteurs du crime
Sont fils de ces bourreaux qui t’ont crucifié.


Au Roi Louis XIII
allant châtier la Rébellion des Rochelais,
et chasser les Anglais,
qui, en leur Faveur, étaient descendus dans l’Île de Ré


DONC un nouveau labeur à tes armes s’apprête :
Prends ta foudre, Louis, et va, comme un lion,
Donner le dernier coup à la dernière tête
   De la rébellion.

Fais choir en sacrifice au démon de la France
Les fronts trop élevés de ces âmes d’enfer,
Et n’épargne contre eux, pour notre délivrance,
   Ni le feu ni le fer.