Page:Malherbe - Chefs d’œuvre lyriques, 1909.djvu/112

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
L’ÉCOLE CLASSIQUE

J’ai l’œil scellé d’un sceau de fer ;
Et déjà les portes d’enfer
Semblent s’entr’ouvrir pour me prendre ;
Mais encore, par ta bonté,
Si tu m’as ôté la santé,
Ô Seigneur ! tu me la peux rendre.

Le tronc de branches dévêtu,
Par une secrète vertu
Se rendant fertile en sa perte,
De rejetons espère un jour
Ombrager les lieux d’alentour
Reprenant sa perruque verte :

Où l’homme, en la fosse couché,
Après que la mort l’a touché.
Le cœur est mort comme l’écorce.
Encor l’eau reverdit le bois ;
Mais l’homme étant mort une fois,
Les pleurs, pour lui, n’ont plus de force.

Sonnets


Ô DIEU, si mes péchés irritent ta fureur,
Contrit, morne et dolent, j’espère en ta clémence.
Si mon deuil ne suffit à purger mon offense,
Que ta grâce y supplée et serve à mon erreur.

Mes esprits éperdus frissonnent de terreur,
Et, ne voyant salut que par la pénitence,
Mon cœur, comme mes yeux, s’ouvre à la repentance,
Et me hais tellement que je m’en fais horreur.

Je pleure le présent, le passé je regrette ;
Je crains à l’avenir la faute que j’ai faite ;
Dans mes rébellions je lis mon jugement.