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NOTICE

Comme Ronsard au seizième siècle, Malherbe sera aux dix-septième et au dix-huitième siècles, le chef de chœurs de notre poésie. On peut contester la grandeur propre de son œuvre, mais non pas celle de son influence. S’il n’a pas créé un nouveau lyrisme, il a imposé une discipline nouvelle, à laquelle se sont soumis, pendant près de deux cents ans, presque tous nos poètes ; et ceux-là même qui ne s’y soumirent point, sentirent du moins qu’il leur en fallait secouer le joug, tant il était impérieux et fort. Une anthologie de l’École Classique devait donc être mise, en quelque sorte, sous l’invocation de Malherbe.

I

MALHERBE

Dans une Instruction adressée par Malherbe à son fils, on lit : « En la chronique de Normandie, il y a un chapitre exprès des seigneurs français, chefs et barons, qui accompagnèrent le duc Guillaume à la conquête de l’Angleterre, entre lesquels est Malherbe, dont nous sommes sortis, lequel était baron de La Haye, en Cotentin ; et parce que l’on pourrait dire que c’est une autre race de Malherbe qu’on appelle Malherbe de la Meauffle, cela se résout pour nous, parce que le duc Guillaume ayant fait peindre toutes les armoiries des maisons illustres qui l’avaient suivi en Angleterre, les nôtres se trouvent tant en une salle de l’abbaye de Saint Étienne de Caen qui est de sa fondation, qu’en une de l’abbaye de Saint Michel au rivage de la mer en Basse Normandie. Nos armoiries sont d’argent à six roses de gueules et des hermines de sable sans nombre. »

Ces prétentions à une très ancienne noblesse militaire ont été quelque peu raillées par les contemporains du poète ; à tort, car des recherches toutes récentes les ont