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VINCENT VOITURE

IL faut finir mes jours en l’amour d’Uranie ;
L’absence ni le temps ne m’en sauraient guérir,
Et je ne vois plus rien qui me pût secourir,
Ni qui pût rappeler ma liberté bannie.

Dès longtemps je connais sa rigueur infinie ;
Mais, pensant aux beautés pour qui je dois périr,
Je bénis mon martyre, et, content de mourir,
Je n’ose murmurer contre sa tyrannie.

Quelquefois ma raison, par de faibles discours,
M’invite a la révolte et me promet secours ;
Mais, lorsqu’à mon besoin je veux me servir d’elle,

Après beaucoup de peine et d’efforts impuissants,
Elle dit qu’Uranie est seule aimable et belle,
Et m’y rengage plus que ne font tous mes sens.


GUILLAUME COLLETET


La Maison de Ronsard


JE ne vois rien ici qui ne flatte mes yeux :
Cette cour du balustre est gaie et magnifique ;
Ces superbes lions qui gardent ce portique,
Adoucissent pour moi leurs regards furieux.

Le feuillage, animé d’un vent délicieux,
Joint au chant des oiseaux sa tremblante musique ;
Ce parterre de fleurs, par un secret magique,
Semble avoir dérobé les étoiles des cieux.

L’aimable promenoir de ces doubles allées,
Qui de profanes pas n’ont point été foulées
Garde encore, ô Ronsard, les vestiges des tiens.

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