Page:Malherbe - Le Bouquet des fleurs de Sénèque, 1834.djvu/8

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effet pour Henri III qu’il traduisit de l’Italien les larmes de St.-Pierre ; Henri IV et Louis XIII furent ensuite le sujet de ses chants ; enfin il écrivit pour les ministres et les courtisans de ces princes, et même pour les maîtresses des uns et des autres.

Alors on a peine à concevoir comment Malherbe, né à Caen en 1555, aura vécu sans écrire jusqu’en 1585, c’est-à-dire, qu’il sera parvenu à l’âge de trente ans, sans que son goût pour la poésie se soit manifesté. Cependant il avait eu alors sous les yeux les guerres de religion et leurs suites sanglantes, les massacres de la St.-Barthelemi et leurs horreurs, la fureur des partis, l’ambition des princes étrangers, les troubles de l’état, la division des familles, l’impiété partout triomphante, et sa muse indignée n’aurait pas éclaté contre tant de désordres ! Nous ne l’avons jamais pensé, d’autant plus que nous trouvons qu’il écrivait en vers français, à l’âge de vingt ans (1575), et qu’il nous reste quelques-uns de ses premiers essais à cette époque.

C’était un usage établi à Caen, au XVIe. siècle, de conserver par des chants la mémoire des personnes marquantes de la ville ; ces chants