Page:Mallarmé-Whistler - Le Ten O’Clock RI.djvu/17

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fières emjambées. L’amateur est lâché. La voix de l’esthète s’entend par la terre, et la catastrophe plane.

L’intrusion appelle la vengeance des dieux, et le ridicule menace les belles filles de ce pays.

Et voici de curieuses converties à un fatidique culte, en lequel tout l’instinct d’attrait — l’étincelle et la fraîcheur — tout le souriant de la femme — va le céder à une étrange vocation pour le déplaisant, — et cela même au nom des Grâces.

Est-ce que ce mélange chagrin, mal à l’aise, gêné, et tout confus de mauvaise honte et d’affirmation infatuée, peut s’appeler artistique et prétendre à un cousinage avec l’Art — qui se délecte dans la claire, friande, vive, gaité de la beauté ?

Non ! — mille fois non ! cela est sans rapport avec nous.

Nous ne voulons avoir rien à faire avec.

Forcés au sérieux, afin de cacher leur vide, ils n’osent sourire. —

Tandis que l’artiste, dans sa plénitude de tête et de cœur, est heureux, et rit haut, et se complaît dans sa force, et se réjouit de la pompeuse prétention — de la solennelle sottise qui l’entoure.

Car l’Art et la joie vont de pair, le hardi visage ouvert, tête haute, la main prête — ne craignant rien et ne redoutant pas l’éclat.

Sachez donc, vous, toutes les belles femmes, que nous sommes avec vous. N’accordez d’attention, nous vous en prions, à ces hauts cris poussés par le messéant — à cette suprême défense du commun.