jusqu’à disparition même du sens ne laissant que vestiges abstraits et nuis acceptés par la pensée, 11’est qu’alliage de vie et de mort et double moyen factice et naturel; or, à chacun de ces trois états, riches de toutes leurs conséquences, peut se rapporter l’Anglais. Monosyllabique, il l’est dans son vocabulaire originel devenu cela au passage de l’Anglo-Saxon à l’Anglais du Roi; et même interjectionnel, un Mot identique servant souvent et de verbe et de nom. Qui de vous, dans les Composés, ceux enregistrés par la littérature ou jaillis au jour le jour, ne rencontre presque absolument le caractère agglutinatif ? Pour l’état flexionnel enfin, point n’est besoin de conserver des désinences casuelles : vives, comme 1’ Ç du génitif et la déclinaison des Pronoms; défuntes, comme l’JV final, une fois tombé l’accusatif latin, que gardent les noms par l’intermédiaire du Français, ou le T des supins dans maint infinitif. L’Anglais, pas plus que le Français, ne reste déclinable, d’accord : mais il se conjugue, quelque peu; enfin cent Terminaisons, notamment les Diminutifs, ne comportent d’cllcs-mêmes, lettres dépouillées et neutres, aucune acception. Par sa Grammaire (dont il n’est question que dans l’autre tome de ce Traité) marche vers quelque point futur du Langage et se replonge aussi dans le passé, même très ancien et mêlé aux débuts sacrés du Langage, l’Anglais : Langue Contemporaine peut-être par excellence, elle qui accuse le double caractère de l’époque, rétrospectif et avancé.
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