Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/1083

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AVANT-PROPOS Le manque d’un Cours de Thèmes, propre à devcnii classique, se fait aujourd’hui sentir, dans l’étude de l’Anglais. Quel ouvrage cependant nécessaire ! On fera toujours des Thèmes; toujours on cherchera le Recueil qui, la Grammaire apprise, la remémore et pour ainsi dire l’illustre le mieux. La cause de la désuétude qui frappe des Cours de Thèmes jusqu’à maintenant suivis, c’est d’abord — n’hésitons point à la dire — que ces recueils n’ont présenté longtemps que des phrases oiseuses et manquant d’attrait. Un Maître se demande avec raison « Ne trouverai-je pas mieux en moi-même et sans livre ? » puis il reconnaît bientôt que l’improvisation est faite pour donner des résultats brillants, mais un peu gratuits, ou n’ayant point ce caractère durable qui doit marquer toute matière confiée à la mémoire de l'enfant. 11 n’y a pas lieu à innovations dans un exercice aussi traditionnel que le Thème, et tout est là simplement : trouver des phrases qui, sous leur aspect français, sachent tout d'abord éveiller l'intérêt, puis rendues à l'Anglais originel, possèdent comme un droit à se fixer dans l'esprit. Ce droit, pour l’avoir, il faut que les exemples d'un bon Cours de Thèmes, une fois traduits et corrigés, se trouvent appartenir, à quelques titres, au fond même de la langue anglaise. Rien d’impossible en ce programme, pour peu que l’on songe à un fait. C’est que, comme toute langue, l’Anglais est riche d’un trésor de phrases ancien et toujours neuf, précieux, charmant, le dépositaire du génie national tout en étant la monnaie courante de la conversation. Je parle des proverbes, des dictons, des locutions familières. Ces sentences offrent-elles une application suffisante à la Grammaire ? Toujours. Jaillie de l’instinct de la race et polie au cours des siècles, chacune se trouve presque exclusivement frappée à l’empreinte évidente d’une Règle, avec la netteté qu’on doit attendre. Le fait, sans cesse vérifié, cause sans cesse, par son exactitude à se reproduire, une surprise nouvelle. Mais sur la trace de ce filon, recueillir pendant des années tout ce que possédait l’Anglais en phrases typiques, locutions usuelles, etc., devint mon occupation; moins difficile peut-être que de réduire ma récolte à un petit nombre de-modèles parfaits. J’écartai d’abord les quelques traits un peu rudes ou grossiers qui pouvaient offusquer la jeunesse, ou les préceptes entachés cl’un certain égoïsme britannique.