Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/1198

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I MYTHES HINDOUS, NORSES ET PERSES MYTHES NORSES es systèmes mythiques des tribus de l’Europe du Nord Lj sont en substance les mêmes que ceux des Grecs. Ils prennent tous racine en des mots ou des phrases qui représentaient les spectacles et les bruits du monde materiel; mais les histoires issues de ces racines ont été, dans chaque contrée, modifiées par les influences du sol et du climat. C’est ainsi que la Mythologie au nord de l’Europe assuma, nécessairement, un caractère sombre et grave; et que le combat de Phoibos contre Python, ou d’Indra contre Vritra, devint la lutte constante et de tout pour avoir la vie ou donner la mort. L’histoire où cette lutte est peinte se nomme le Saga Volsunga, ou conte des Volsungs, qui fut, dans la suite, remanié en forme de poëme épique appelé le Chant des Nibelungen ou Chant des enfants de la brume. Le héros de ce chant s’appelle Sigurd, fils de Sigmund, fils de Volsung, descendant d’Odin. Il naquit après la mort de son père et devint le beau-fils de Régin, le forgeron du roi de Danemark, qui le poussa à tuer le dragon Fafnir, gisant enroulé sur la bruyère étincelante. Le dragon périt de l’épée forgée par Régin avec les morceaux brisés de Gram, autre épée qu’Odin lui-même avait enfoncée jusqu’à la garde dans un chêne, afin que celui-là l’y prît qui serait assez fort pour la retirer. Sigmund, père de Sigurd, la retira, et il vainquit de cette arme tout ennemi, jusqu’à l’heure où Odin, sous un déguisement, lui présenta une lance contre laquelle l’épée se brisa en deux morceaux. Fafnir tué, Sigurd devint possesseur de tout le trésor situé dans les puissants replis du monstre; et, mangeant son cœur, il en tira encore une sagesse supérieure à celle des mortels. Le héros, passant son chemin, vint à une bruyère; de violentes flammes y entouraient une maison où dormait la belle vierge Brunehilde. Sigurd chevaucha par le feu, et, à son toucher, la vierge s’éveilla. Ils engagèrent mutuellement leur foi; et Sigurd dirigea sa monture vers la demeure de Giuki, le Niflung, qui décida que le héros