Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/1228

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d’Hélios sont les Harits, que la Grèce changea en de belles femmes appelées Charités, les Grâces latines. Tous ces détails élucidés, arrivons à l’histoire de Phaéton. On dit que, dans un instant de malheur, il demanda à son père de le laisser conduire son char une seule journée. Hélios, bien à contre-cœur, lui permit de prendre les rênes. Après s’être un peu élevés dans les cieux, les chevaux, conscients de la faiblesse de leur cocher, plongèrent sur terre; et le sol, avec tous ses fruits, ses cours d’eau, sa verdure, fut desséché et brûlé. Zeus, voyant cela et comprenant que, si rien n’arrêtait cette course, toute vie ici-bas périrait bientôt, frappa Phaéton de sa foudre; et les filles d’Hespéros lui bâtirent un sépulcre au rivage où il était tombé. Si vous voulez étudier cette légende, demandez-vous d’abord ce que signifie le nom de Phaéton : or il veut dire Véclatant ou le brillant, et répond à Phaétusa, comme Téléphos à Télé-phassa. Phaéton, en effet, possède une partie de l’éclat de son père, toutefois sans le même pouvoir, et, sous ce rapport, ressemble à tel autre héros. L’analogie qu'il présente, c’est avec Patrocle, que l’Iliade peint vêtu de l’armure d’Achille et monté sur son char, traîné aussi par des chevaux immortels du nom de Xanthos et Balios, le « doré » et le « tacheté ». Patrocle, comme Phaéton, reçoit des instructions auxquelles il néglige d’obéir, et, comme Phaéton, il est exterminé. Dans V Odyssée, Télémaque est à Ulysse ce que Patrocle, dans VIliade, est à Achille, et ce qu’est Phaéton à Hélios. Origine, enfin, de toute cette histoire : elle est issue de phrases qui parlaient de la sécheresse causée par le char d’Hélios, si quelqu’un le mène qui ne sait pas guider les chevaux du dieu; et Phaéton frappé par les tonnerres de Zeus, c’est le temps de la sécheresse finissant par un orage survenant à l’improvistc. L’ARTÉMIS GRECQUE OU LA DIANE LATINE rtémis.— Artémis est la sœur de Phoïbos-Apollon, selon quelques légendes la sœur jumelle, tandis que, d’après d’autres, elle naquit avant lui. Possédant presque tous les pouvoirs de son frère et en montrant toutes les qualités, c’est ainsi qu’on la dépeint : comme lui, elle guérit des maladies et envoie les fléaux et, comme lui, darde des flèches qui ne manquent jamais leur but. Mille impressions poétiques, qui se résument toutes en celle d’une pureté farouche convenant à une habitante des bois sacrés, environnent cette figure, dont la mythologie récente a fait la patronne de la chasse.