Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/1274

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été au nombre de trois, qui s’est ensuite accru jusqu’à neuf. On les appelait encore Piérides, de Piérie, près d’Olympe; mais une autre légende dit que les Piérides étaient les filles de Piéros, roi d’Emathie et que, venant à lutter avec les Muses, elles furent battues par elles et changées en oiseaux. Les noms des neuf Muses sont : Clio ou Cléio « le héraut », Muse de l’histoire; Euterpe « la charmeuse », Muse de la poésie lyrique; Erato « l’aimable », Muse de la poésie aimable et de l’art mimique; Thalie « la joyeuse », Muse de la comédie et de la poésie idyllique; Melpomène la « chanteuse », Muse de la tragédie; Terpsichore « qui se réjouit dans les danses », Muse de la danse mêlée au chant ; Polymnie « qui aime les chants », Muse des hymnes sublimes; Uranie « la céleste », Musc de l’astronomie, et Calliope « à la belle voix », Muse de la poésie épique. On représentait ces neuf Muses, assises ou debout, chacune avec quelque attribut différent. Un grand chasseur, aimé d’Artémis et d’Eos, et placé apres sa mort au nombre des étoiles, s’appelle Orion. Pan est une déité qui présidait aux troupeaux de petit et de gros bétail; quelques auteurs en ont fait le fils d’Hermès, né en Arcadie. On le représente avec la tête et la poitrine cl’un homme et les membres inférieurs d’un bouc. On dit qu’il voyagea dans l’Inde avec Dionysos; et qu’une fois, entouré et captif, il fut délivré par la clameur de ses hommes qui dispersèrent l’ennemi (c’est de là que le mot panique indique une soudaine et vague terreur). Le nom de Pan est parent du mot sanscrit le vent, Pavana, et probablement du latin Pavonius. Syrinx, la nymphe aimée du dieu, nom de flûte, est elle-même le vent dans les roseaux*. Le dieu Pan a acquis, dans les temps modernes, une grande importance : il représente souvent à notre pensée le paganisme tout entier dans son crépuscule. On connaît l’histoire de ces mariniers latins qui aux dernières heures du monde impérial entendirent, une fois, par l’air, ces paroles considérables : « Pan est mort! »** Éros est le dieu de l’amour. Hésiode en fait une des puissances primitives, avec le Chaos, Gaia, et le Tartare. Les poètes postérieurs le disent fils d’Hermès ou d’Arès, d’Artémis ou d’Aphrodite. IP Odyssée montre Protée comme un vieillard qui accompagne les phoques de Poséidon et sort de la mer à midi pour dormir sur le rivage. Il avait le pouvoir de se changer en quelque forme que ce fût, comme le «fermier Weathersky » dans les contes des Norses.

  • Gde Myth., liv. II, ch. 5.
    • Le Traducteur.