Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/1437

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PLACET A. M. Arsène Houssaye. J'ai longtemps rêvé d'être, ô duchesse, l’Iiébé Qui rit sur votre tasse au baiser de tes lèvres ; A fai s je suis un poëte, un peu moins qu'un abbé, lit n'ai point, jusqu’ici, figuré sur le Sèvres. Puisque je ne suis pas ton bichon em barbé, Ni ton bonbon, ni ton carmin, ni tes jeux mièvres, Et qu'avec moi pourtant vous avez succombé, Blonde dont les coiffeurs divins sont les orfèvres, Nommezmous... — vous de qui les souris framboises Sont un troupeau poudré d'agneaux apprivoisés Oui vont, broutant les cteurs et bêlant aux délires, Nommez-nous... — et Boucher sur un rose éventail Ale peindra, flûte aux mains, endormant ce bercail, Duchesse, nomntez-nous berger de vos sourires. C’est, à quelques variantes près, le texte que l’auteur communiqua à Paul Verlaine en 1883, à l’intention du recueil des Poètes Afaudits où ce sonnet parut, sous le titre Placet, agrémenté de la date 1762, qui reculait d’un siècle exactement celle de sa composition. Quelques mois avant la publication de ce volume, le poëme avait paru, au cours de l’étude de Verlaine dans la revue Eutèce, numéro du 17-24 novembre 1883. Les variantes y sont minimes : Str. 1, vers 1 : ... ô Duchesse,... Str. 1, vers 4 : Et n'ai point jusqu’ici figuré sur le .Sèvres. Str. 2, vers 2 : Ni tes bonbons, ni ton carmin, ni tes jeux mièvres, Str. 2, vers 3 : Et que sur moi, pourtant, ton regard est tombé, Blonde dont res coiffeurs divins sont /es orfèvres. Str. 4, vers 3 : Duchesse, nommez-»/ berger de vos sourires. Ce texte fut reproduit dans le numéro du 9 octobre 1886 de la Décadence. En 1887, recopiant ses poèmes en vue de l’édition photo-lithographiée de la Revue Indépendante, Mallarmé reprit ce sonnet ancien, le modifia considérablement et supprimant cette date postiche de 1762, ajouta au titre l’épithète agréable et juste. En mai 1862, au retour d’une excursion à Fontainebleau avec Emmanuel des Essarts qui l’a présenté à Nina Gaillard, aux demoiselles Yapp, à Henri Régnault, à Henri Cazalis, Mallarmé éerit à eelui-ei : « Tu me dis que j’ai plu à ccs dames et j’en suis charmé. Mlle Nina m’a demandé des vers, je lui en envoie, c’est un sonnet Louis XV. Tu me demandes un sonnet, je t’en envoie deux. » Faute de toute autre pièce répondant à ce titre, ce « sonnet Louis XV » semble bien avoir pu être le Placet publié trois mois