Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/1468

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En 1874, Théodore de Banville publiait un recueil de vingt sonnets intitulé Les Princesses ; le douzième est eonsaeté à Hérodiade et est préeédé d’une épigraphe empruntée à l’Atta Troll d’Henri Heine : livre qui était familier à Mallarmé et auquel le Spectacle interrompu fait allusion. Serait-ee le livre de Heine qui, en 1864, aurait ramené à l’esprit de Mallarmé eette image de la reine de Judée? Cette même année 1874, dans la sixième livraison de la Dernière Mode, Mallarmé donnait un compte rendu des Princesses de Théodore de Banville. Ayant fait transmettre par Odilon Redon à Stéphane Mallarmé son désir d’éditer un ouvrage de lui, Ambroise Vollard le remerciait le 14 décembre 1896 de s’y être montré favorable. Une nouvelle lettre de Vollard au poëte, du 14 septembre 1897, témoigne qu’il fut question entre eux d’une édition de grand luxe à’Héro-diade et de la suggestion que l’illustration en fût eonfiéc à Vuillard. Jean Royère a écrit : « Hérodiade est de tout point et absolument le poëme de l’abscnee ! C’est le sens hautain de son abstinenee cruelle, de sa virginité parée, de son orgueilleux étalage de pudeur... Hérodiade est l’être qui se dérobe : elle se détaehe sur un fond quasi surnaturel de glaeiers. Son image est doublement atténuée par la glaec et par le miroir, par ce qui s’oppose à la vie et par ee qui transforme un être humain en sa propre inanité corporelle... » CANTIQUE DE SAINT JEAN Bien que ee fragment à.’Hérodiade n’ait paru que très posthumément, dans l’édition des Poésies de 1913, et que nous n’y connaissions d’allusion par l’auteur que ecllc contenue dans la bibliographie des Poésies (Deman, 1899), on peut penser que ce poëme ne date pas de la dernière partie de la vie de Mallarmé, sans, pour cela, juger qu’il soit contemporain de la Scène d’Hérodiade. Ce monologue du saint, au moment même de la décollation, est éerit dans une strophe faite d’hexamètres et d’un vers de quatre pieds, sans autre exemple dans l’œuvre de Mallarmé, mais dont il avait pu voir plus d’un modèle réeent sous la plume de son maître et ami Théodore de Banville, entr’autres : VOdelette, à Henry Murgcr (1855); les Muses au Tombeau (1872), pour la mort de Théophile Gautier; F Aube romantique (1866); Au pays latin (1868); /’Apothéose de Ronsard (1868), ecs trois pièees ineluses ensuite dans les Rimes dorées (1875). Et e’était aussi le rythme ehoisi par Banville pour sa picee eélèbre à la Font-Georges que louait et eitait Sainte-Beuve dans sa Causerie du lundi du 12 oet. ï857. « L’idée essentielle du poëme », dit M. Mauron dans ses Commentaires, fut évidemment suggérée à Mallarmé par le fait que la Saint-Jean correspond assez exactement au solstiee d’été. Cette