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Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/1538

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Ligeia, et le Palais hanté dans la Chute de la Maison Usher. Des 1853 il avait public dans l’Artiste (y.eT mars) une traduction du Corbeau, reprise et améliorée, l’année suivante, dans le Pays (zt) juillet 1854); il ne la donna, définitive, dans la Revue Française (20 avril 1859) qu’accompagnée de la Genèse d'un Poëme, en attendant de les faire figurer dans le recueil des Histoires grotesques et sérieuses. En admettant qu’en 1862, ces diverses revues eussent échappé à Mallarmé, il ne devait ignorer ni les Histoires extraordinaires, ni les Nouvelles histoires extraordinaires parues en 1856 et 1857 et qui contenaient les traductions du Ver Conquérant et du Palais hanté, déjà parues auparavant dans le Pays. Bien des années plus tard, il écrivait à Verlaine, dans cette lettre autobiographique du lundi 16 novembre 1885 : « Ayant appris l’anglais simplement pour mieux lire Poe, je suis parti à vingt ans en Angleterre. » Affirmation un peu exagérée, car il apprit d’abord l’anglais au lycée de Sens, parce que les programmes l’exigeaient. Il s’y montra brillant, des 1858, en seconde, où il obtint l’unique prix d’anglais de sa classe, et, de même, l’année suivante, en rhétorique. En 1859 même, il est fort douteux qu’il eût eu connaissance d’Edgar Poe dont la révélation dut lui être faite à travers Baudelaire dont il ne connut les œuvres qu’en 1861, avec la seconde édition des Fleurs du Mal, c’est-à-dire une fois sorti du lycée. Lorsqu’en novembre 1862, il partit pour l’Angleterre, sa connaissance d’Edgar Poe était encore très fraîche et approximative : mais son enthousiasme à cet égard était, en effet, fort ardent. Nous en avons des preuves indubitables dans les lettres qu’il adressa, de Londres même, à Henri Cazalis. Son désir de traduire les poëmes d’Edgar Poe ne l’a pas abandonné et dans la lettre à cet ami du 24 juillet 1863 il envoie sa traduction de la cinquième strophe cPXJlalume, version curieuse à comparer à celle que vingt-cinq ans plus tard, il adopta : A star té est plus chaude que Diane FJle roule à travers un éther de soupirs Elle se joue dans un monde de soupirs Et elle est venue par les étoiles du Lion Nous montrer les sentiers qui mènent au ciel. A la paix létbéenue des deux : Elle a bravé le Lion, et elle est venue Répandre sur nous la splendeur de ses yeux : Elle est venue à travers l’antre du Lion Avec l’amour dans ses yeux lumineux. Son enthousiasme pour Edgar Poe put trouver à Londres un écho affaibli dans la personne de ce polygraphe curieux que nous savons qu’il rencontra, le chevalier de Châtelain; celui-ci avait, en 1862, dans ses Beautés de la Poésie anglaise, donné les traductions de la Corneille et des Cloches.