Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/220

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

par cette vacillante lumière ! baignons-nous dans cette cristalline lumière ! Sa splendeur sibylline rayonne d’espoir et de beauté, cette nuit; —' vois, elle va, vibrante, au haut du ciel à travers la nuit ! Ah ! nous pouvons, saufs, nous fier à sa lueur et être sûrs qu’elle nous conduira bien, — nous pouvons, saufs, nous fier à une lueur qui ne sait que nous guider à bien, puisqu’elle va, vibrante au haut des cieux à travers la nuit. » Ainsi je pacifiai Psyché et la baisai, et tentai de la ravir à cet assombrissement, et vainquis ses scrupules et son assombrissement; et nous allâmes à la fin de l’allée, où nous fûmes arrêtés par la porte d’une tombe; par la porte, avec sa légende, d’une tombe, et je dis : « Qu’y a-t-il d’écrit, douce sœur, sur la porte, avec une légende, de cette tombe ? » Elle répliqua : « Ulalume ! Ulalume ! C’est le caveau de ta morte Ulalume ! » Alors mon cœur devint de cendre et grave, comme les feuilles qui étaient crispées et mornes, — comme les feuilles qui étaient périssables et mornes, et je m’écriai : « Ce fut sûrement en Octobre, dans cette même nuit de l’année dernière, que je voyageai je voyageai par ici — que j’apportai un fardeau redoutable jusqu’ici : — dans cette nuit entre toutes les nuits de l’année, ah ! quel démon m’a tenté vers ces lieux. Je connais bien, maintenant, cet obscur lac d’Auber — cette brumeuse moyenne région de Weir : je connais bien, maintenant, cet obscur lac d’Auber ■—- cette brumeuse moyenne région de Weir : je connais bien, maintenant, cet humide marais d’Auber, et ces pays de bois hantés par les goules de Weir ! » UN RÊVE DANS UN RÊVE •iens ’ ce baiser sur ton front ! Et, à l’heure où je te 1 quitte, oui, bien haut, que je te l’avoue : tu n’as pas tort, toi qui juges que mes jours ont été un rêve; et si l’espoir s’est enfui en une nuit ou en un jour — dans une vision ou aucune, n’en est-il pour cela pas moins