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Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/242

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a, du moins, un soûlas dans des rêves de toi, et y sait un Éden de chers repos.

Ton souvenir est pour moi comme une île enchantée au loin dans une mer tumultueuse — quelque océan vaste et libre, tressautant de tempêtes — mais où néanmoins les cieux les plus sereins sourient continuellement juste au-dessus de cette brillante île.

  • *


Je ne prends point garde que mon sort terrestre n’a presque rien de la terre, que des années d’amour ont été oubliées dans la haine d’une minute : mon deuil n’est point que les désolés mêmes ne soient plus heureux, — bijou ! que moi, mais que vous vous chagrinez de mon sort, moi qui suis un passant.


SONNET A LA SCIENCE


Science, tu es la vraie fille du vieux temps, qui changes toutes choses par ton œil scrutateur. Pourquoi fais-tu ta proie ainsi, du cœur du poëte. Vautour dont les ailes sont de ternes réalités ? Comment t’aimerait-il ? ou te jugerait-il sage, toi qui ne le laisserais point, dans la promenade de son vol, chercher un trésor en les cieux pleins de joyaux, encore qu’il y soit monté d’une aile indomptée. N’as-tu pas arraché Diane à son char ? et chassé du bois l’Hamadryade qui cherche un refuge dans quelque plus heureux astre ? N’as-tu pas banni de son flot la Naïade, du vert gazon l’Elfe et moi des rêves d’été sous le tamarin ?


LE COLISÉE

Type de l’antique Rome ! Riche reliquaire de contemplations hautes au temps léguées par des siècles ensevelis de pompe et de puissance ! Enfin — enfin —