Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/327

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vu en l’arceau d’une ferme thessalienne, et vivants, ce qui est, mieux que peints, dans la profondeur et d’un juste goût. L’un des amants à l’autre les montre puis soi-même, langage initial, comparaison. Tant peu à peu les allures du couple acceptent de l’influence du pigeonnier becquctements ou sursauts, pâmoisons, que se voit cet envahissement d’aérienne lasciveté sur lui glisser, avec des ressemblances éperdues. Enfants, les voici oiseaux, ou le contraire, d’oiseaux enfants, selon qu’on veut comprendre l’échange dont toujours et dès lors, lui et elle, devraient exprimer le double jeu : peut-être, toute l’aventure de la différence sexuelle ! Or je cesserai de m’élever à aucune considération, que suggère le Ballet, adjuvant et le paradis de toute spiritualité, parce qu’après cet ingénu prélude, rien n’a lieu, sauf la perfection des exécutants, qui vaille un instant d’arrière-exercice du regard, rien... Fastidieux de mettre le doigt sur l’inanité quelconque issue d’un gracieux motif premier. Ici la fuite du vagabond, laquelle prêtait, du moins, à cette espèce d’extatique impuissance à disparaître qui délicieusement attache aux planchers la danseuse; puis quand viendra, dans le rappel du même site ou le foyer, l’heure poignante et adorée du rapatriement, avec intercalation d’une fête à quoi tout va tourner sous l’orage, et que les déchirés, pardonnante et fugitif, s’uniront : ce sera... Vous concevez l’hymne de danse final et triomphal où diminue jusqu’à la source de leur joie ivre l’espace mis entre les fiancés par la nécessité du voyage ! Ce sera... comme si la chose se passait, madame ou monsieur, chez l’un de vous avec quelque baiser très indifférent en art, toute la Danse n’étant de cet acte que la mystérieuse interprétation sacrée. Seulement, songer ainsi, c’est à se faire rappeler par un trait de flûte le ridicule de son état visionnaire quant au contemporain banal qu’il faut, après tout, représenter, par condescendance pour le fauteuil d’Opéra. A l’exception d’un rapport perçu avec netteté entre l’allure habituelle du vol et maints effets chorégraphiques, puis le transport au Ballet, non sans tricherie, de la Fable, demeure quelque histoire d’amour : il faut que virtuose sans pair à l’intermède du divertissement (rien n’y est que morceaux et placage) l’émerveillante Mademoiselle Mauri résume le sujet par sa divination mêlée d’animalité