Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/348

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contemporain, être quelque part où l'on veut et s’y sentir étranger : je l’indique à la psychologie. Un argument ou programme d’avance en main, la coutume dans les concerts, le spectateur n’allait-il pas reconnaître comme une musicale célébration et figuration aussi de la vie, confiant le mystère au langage seul et à l’évolution mimique ? Transcrire le feuillet : « Dans la première partie de la légende, l’amante s’est rencontrée avec l’amant; l’amant est mort; et, dans la seconde partie (Le Chevalier du passe), l’amante est devenue la courtisane; mais, au milieu de son triomphe, le passé est réapparu et lui a appris la vanité de sa gloire; et elle est partie. « Maintenant, c’est une mendiante. Elle a renoncé les anciens désirs ; elle ne veut plus rien que le silence et la solitude de la retraite; une vie spirituelle en dehors du monde et au-dessus de la nature (comme autrefois la vie religieuse) est la fin qu’elle a crue possible. Ainsi son orgueil d’ascète a accepté d’être la mendiante qui tend la main pour le pain quotidien. » Je ne saurais dire mieux des personnages sinon qu’ils dessinent les uns relativement aux autres, à leur insu, en une sorte de danse, le pas où se compose la marche de l’œuvre. Très mélodiquement, en toute suavité; mus par l’orchestre intime de leur diction. La modernité s’accommode de ces lacs et tours un peu abstraits, vraiment d’une façon inattendue si déjà on ne savait ce que de général et de neutre prévaut, ou d’apte à exprimer le style dans notre vêtement même la redingote, comme il parut aux deux représentations d’ans préalables : la troisième ne requit pas cette réflexion. Ici l’accord d’un art naïf s’établira, selon le site et le costume devenus agrestes, sans peine avec des émotions et des vérités amples, graves, primordiales. Cette parenthèse —